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La Vie Etudiante

Plan pour la réussite en licence

genèse - finalités – principes – mise en œuvre.



Annonce – finalités – financement.

Le plan pluriannuel pour la réussite en licence a été dévoilé par la ministre V. Pécresse le jeudi 13 décembre 2007. Ce plan vise à

- faire de la licence un diplôme à part entière, un diplôme national qualifiant pour la poursuite d’études ou l’insertion professionnelle et atteindre ainsi l'objectif de 50 % d'une classe d'âge au niveau licence (un étudiant sur deux échoue aujourd'hui en fin de première année.)

- diviser par deux le taux d’échec en première année sur une période de 5 ans. Concrètement, cela signifie passer de 50 % à 25 % d’échec en première année de licence, entre 2008 et 2012.

- atteindre l’objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau licence. Aujourd’hui, l’échec est de plus en plus important à l’université avec 36% des étudiants qui sortent sans diplôme. Le chantier évoqué par la loi LRU sur la réussite en licence propose plusieurs réformes pour favoriser la réussite de tous les étudiants :

Il est issu de la concertation engagée dans le cadre du chantier « réussir en licence et lutter contre l’échec à l’université » avec la communauté universitaire au moment de la discussion du projet d’autonomie. Le 13 décembre, la ministre s’est entretenue avec la Conférence des Présidents d’Université, les représentants des personnels et les organisations étudiantes avant de présenter le plan d’action à la presse. La conférence des présidents d'universités (CPU) a fait savoir qu'elle se félicitait de l'annonce de ce plan. Elle se réjouit que "la volonté de faire de la licence la référence du post bac entre désormais dans une phase de réalisation concrète".

Doté de 730 millions d'euros en cumulé sur 2008-2012 en faveur de la lutte contre l'échec, soit une hausse de 43% des moyens en 5 ans (ce budget passera ainsi de 500M€ à 714M€). D'ici à 2012, la montée en charge du plan se fera sur 3 ans (L1, L2, L3). Pour rééquilibrer les financements en faveur des universités accueillant les étudiants les plus fragiles en difficulté, la répartition des crédits budgétaires par université se fera en 2008 en fonction du nombre d'étudiants en première année pondéré par le nombre de bacheliers arrivant à l'université avec une ou plusieurs années de retard.

 Sur le fond, le plan procède par une approche globale, qui ne limite pas la réussite aux seuls aspects pédagogiques. Il insiste par exemple en amont, sur l’importance de l’orientation des futurs étudiants. Outre la rénovation du contenu de la licence (avec une première année pluridisciplinaire et une spécialisation progressive au fur et à mesure des trois années), le plan prévoit notamment l’information des lycéens à travers l’orientation active, et l’élargissement de l’accès aux filières professionnelles (IUT et BTS) en priorité vers les bacheliers technologiques, professionnels ou les étudiants en échec. Les 730 millions d’euros annoncés par le ministère de 2008 à 2012 seront distribués aux universités en fonction de leur implication dans la rénovation du premier cycle.

Sur la forme, un appel à projets est donc lancé. Pour la première année, le ministère a essentiellement tenu compte d’un seul critère pour répartir les crédits : le nombre de bacheliers ayant redoublé parmi les inscrits à l’université. Les dotations se sont élevées, de 83 000 à 731 000 € suivant les universités. Pour les années suivantes, le ministère examine chaque projet en fonction d’un cahier des charges organisé en quatre grands critères : accueil des nouveaux, renforcement de l’encadrement pédagogique, spécialisation progressive et professionnalisation.

Ce plan prévoit un accompagnement personnalisé des étudiants : 5 heures hebdomadaires d'encadrement pédagogique supplémentaires par étudiant et pour chaque année de Licence, un enseignant référent, du tutorat... Le contenu de la Licence est également rénové avec l'instauration d'une première année fondamentale davantage pluridisciplinaire et recentrée sur les fondamentaux.

Il est mis en œuvre dès février 2008. Les universités ont accepté de mobiliser leurs fonds de roulement pour anticiper la mise en œuvre du plan "réussir en licence" dès le second semestre de cette année universitaire.



Plan pluriannuel de réussite en licence Document d’orientation en PDF



Structure et contenu.

Ce plan repose sur les bases suivantes :

- 1. La rénovation du contenu de la licence générale de l'université pour l'inscrire dans la logique d'une maîtrise progressive des connaissances et des compétences

La licence rénovée, c'est un diplôme qui se fait en 3 ans qui permet soit la poursuite d'études, soit l'insertion professionnelle :

- La première année, année fondamentale : elle doit garantir aux étudiants la maîtrise des savoirs fondamentaux et des compétences indispensables à la réussite de leur parcours universitaire : garantir les acquis fondamentaux (culture générale, connaissances du monde socio-économique, bases juridiques, ...) et renforcer les compétences (TIC, langues étrangères, méthode, autonomie...). Durant cette première année pluridisciplinaire, les étudiants bénéficieront du soutien d'un enseignant référent auquel ils pourront s'adresser.

- La deuxième année, année de consolidation : sur la base des acquis évalués en 1ère année, elle constitue la véritable étape d'entrée dans la spécialisation disciplinaire. L'étudiant y découvre le monde professionnel (sous forme de séminaires, de forums, de tutorat d'entreprise ...). Enfin, au cours de cette année le suivi du projet personnel de l'étudiant est assuré.

- La troisième année, année de spécialisation conforme au projet de l'étudiant : c'est l'année de finalisation du projet d'études sur la base de l'affermissement des connaissances disciplinaires et des compétences acquises, l'orientation vers des champs de métiers y sera plus affirmée. Tous les étudiants diplômés de Licence disposeront au moins d'un stage validé dans le cursus (dans l'administration, l'enseignement, ou l'entreprise...).

Grâce aux moyens d'enseignement ou de soutien pédagogique dégagés, les universités disposeront d'un volume d'heures disponibles de 5 heures hebdomadaires supplémentaires par étudiant, pour chaque année de Licence, destinées à un encadrement pédagogique plus soutenu. Il peut s'agir soit d'heures complémentaires d'enseignement, soit de tutorat rémunéré soit de monitorat. Une prime sera attribuée pour chaque licence aux enseignants coordonnateurs chargés,avec leur équipe, de concevoir le projet pédagogique.



2. Un cahier des charges national

Les formations proposées aux étudiants et leurs débouchés d'insertion feront l'objet d'une évaluation, sur la base d'un cahier des charges national élaboré, en concertation avec les partenaires. Ce cahier fixe quatre exigences aux universités :

- Prendre en compte de la diversité des étudiants et renforcer l'encadrement pédagogique

- Renforcer la pluridisciplinarité et ménager une spécialisation progressive

- Développer l'ouverture de la licence sur les métiers et faciliter les changements d'orientation

- Assurer une meilleure lisibilité de l'offre de formation

3. L'orientation et l'accompagnement des étudiants

L'orientation active constitue un dispositif d'accompagnement des élèves du lycée jusqu'à l'université. Les universités ont désormais la responsabilité de construire avec les élèves susceptibles de les rejoindre un parcours de formation en lien avec un projet d'insertion professionnelle. L'étudiant est accompagné grâce à la pré rentrée et à la signature d'un contrat de réussite, qui contient des engagements réciproques comme par exemple la mise en place de tutorat en cas de difficultés.

Une information plus complète tant des élèves que des familles : chaque établissement doit afficher sur le site national d'orientation les places disponibles pour chaque filière, les taux de réussite aux examens et les taux d'insertion professionnelle.

Les possibilités de réorientation sont ouvertes dès la fin du premier semestre et en fin de première année. Les crédits acquis pouvant être transférés dans d'autres cursus de formation.

Des propositions prioritaires d'affectation des bacheliers technologiques et professionnels dans les IUT et STS : accès de droit aux IUT des bacheliers technologiques avec une Mention Bien et Très Bien et l'instauration d'un système de bonus pour les IUT qui, au-delà de la moyenne nationale de 32% accueillent des étudiants de bacs technologiques et professionnels (qui fait suite au décret de 2007 affectant prioritairement les bacheliers professionnels et technologiques mention Bien et Très Bien en STS).

L'élargissement de l'offre des IUT et des STS au profit des étudiants de licence générale : en réorientant les étudiants en échec en formations généralistes par mobilisation des places vacantes en IUT et en STS, et en ouvrant la licence professionnelle aux étudiants des filières générales.

Le groupe de travail sur la refonte de la carte des formations de STS et d'IUT sera lancé en lien avec les acteurs locaux afin d'optimiser l'offre de formation professionnelle.

L’orientation active et l’accompagnement sont mis à jour en 2011

Le dispositif déjà mis en place de l’orientation active sera renforcé afin d’assurer une information et un conseil équitables à tous les lycéens. Il sera suivi dans les universités par un accompagnement de l’étudiant dans la construction de son projet d’étude et d’insertion. Un contrat de réussite contenant des engagements réciproques entre l’université et l’étudiant sera mis en place pour assurer ce suivi.]

En outre, les étudiants pourront se réorienter dès la fin du premier semestre et en fin de première année.

4. La mobilisation des filières professionnelles courtes pour la réussite de tous les étudiants

Les IUT et STS sont au service de la réussite des étudiants . L’objectif est de favoriser la réussite des bacheliers technologiques et professionnels notamment en assurant, à ceux ayant une mention Bien et Très Bien, l’accès de droit à une section de techniciens supérieurs(STS) et en IUT.

L’accès à ces filières sera également élargi au profit des étudiants de licence générale pour leur réorientation.

Enfin, un groupe de travail sera lancé sur la refonte de la carte des formations de STS et d’IUT afin d’optimiser l’offre de formation professionnelle (optimisation de l’offre de formation, identification des métiers d’avenir et meilleure adaptation des formations aux besoins).



Mise en œuvre - Premier bilan – Réactions.

À la rentrée 2008, la majorité des établissements répondent au cahier des charges, en mettant l’encadrement pédagogique au cœur de la rénovation. Augmentation du nombre d’heures de cours, modules de soutien, dédoublement des groupes de TD, généralisation du contrôle continu en première année… les formules varient.

Lors de sa conférence de rentrée en septembre 2008, Valérie Pécresse présente une liste de 16 universités au projet exemplaire. Cependant, en décembre 2008, l’UNEF publie un premier bilan très critique, selon lequel, par exemple, si certaines universités se sont montrées innovantes, moins de 40 % des établissements ont créé un parcours permettant les réorientations. Un autre problème important est l’absence de moyens humains, c’est à dire l’absence de recrutement d’enseignants titulaires. Enfin, l’argent débloqué pour le PRL a parfois été intégré dans la dotation globale des universités et utilisé à d’autres fins. 2010 est une année charnière car c’est la première année où l’on pourra constater et juger les résultats du PRL, notamment par le biais des premiers résultats aux examens, mais ceux-ci risquent d’être faussés en raison des perturbations du second semestre 2009.

L’ensemble des organisations étudiantes s’accordent pour déplorer l’absence de vrai cadrage national du ministère. De son côté l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la recherche) publie un rapport très critique dès juillet 2010, publié par Le Monde le 28 octobre 2010. Ce rapport dénonce en particulier l’application inégale du PRL et le fait que les objectifs ne sont en général pas atteints.

Parmi les critiques, les auteurs constatent que l’objectif de cinq heures hebdomadaires d’enseignement supplémentaires par étudiant en L1 n’est pas atteint. Autre critique : la faiblesse des réorientations, le tutorat étudiant est insuffisamment sollicité et le projet personnel de l’étudiant connaît un faible essor. Plus grave, le rapport pointe une difficulté à identifier les crédits dédiés au plan Réussite en licence, « dans le cadre du budget global » et à en assurer le suivi.

Dans leur conclusion, les auteurs décrivent l’application inégale du plan entre universités et au sein même des universités : faible en droit et plus développé en sciences, STAPS et SHS. Ils posent aussi la question de son efficacité. Les inspecteurs appellent à l’établissement d’un bilan complet à la fois pédagogique et financier du dispositif qui conditionne l’attribution et la régulation des crédits déjà prévus pour 2011 et 2012.

Rapport de l’Inspection Générale en PDF EducPros, 28 octobre 2010.

Bilan détaillé du PRL décembre 2010 en PDF (Promotion et défense de l’étudiant).

Discours de Mme Pécresse décembre 2010 sur le bilan du PRL (Promotion et défense de l’étudiant).





Décembre 2010 – Le second volet du plan licence.

Le ministère dresse lui aussi un premier bilan en demi-teinte

En ce qui concerne l’orientation active, seul un tiers des lycéens qui se sont pré-inscrits ont reçu un avis et un conseil d’orientation. La moitié d’entre eux seulement se sont déplacés pour un entretien avec un enseignant. Les changements d’orientation n’ont été conseillés que dans 15 % des cas. Le nouveau serveur de pré-inscription (admission post-bac) a livré ses premières données. Les bacheliers généraux n’ont été que 41% à choisir l’université en premier vœu, derrière les IUT et BTS. La totalité des académies utiliseront ce serveur en 2009, contre 24 cette année. "L’université dispose des meilleurs enseignants, elle doit reconquérir les meilleurs étudiants, et cela dès la première année", a déclaré la ministre.

Valérie Pécresse compte sur la deuxième étape du plan Réussite en licence : la refonte du diplôme. Il ne s’agira pas seulement de généraliser les dispositifs les plus vertueux expérimentés ici ou là. La grande ambition est de créer, avec les universitaires, mais aussi les partenaires sociaux et représentants du monde du travail, un "référentiel de formation". Il s’agit de répondre à la question : quelles sont les d’un titulaire d’une licence, y compris généraliste, afin que les étudiants soient conscients de tout ce qu’ils savent faire et que les employeurs le sachent. "Il n’y a qu’en France que la licence n’est pas considérée comme un diplôme permettant une insertion professionnelle", constate Valérie Pécresse. Elle souhaite, à l’instar du modèle américain, que des étudiants détenteurs d’un "bachelor" aient une première expérience du monde du travail avant d’éventuellement retourner à l’université pour parfaire leur formation. Un cursus banal outre-Atlantique ou outre-Manche et qui se finance essentiellement par l’emprunt.



Les grands principes de la nouvelle licence

Ils ont été annoncés le 22 juin 2011, avec pour objectif affiché « Faire de la licence un diplôme national de référence pour les étudiants comme pour les employeurs ». Outre les 1.500 heures d’enseignement minimum, la nouvelle licence doit intégrer certains dispositifs du plan Réussir en licence et offrir des stages aux étudiants. Un référentiel de compétences professionnelles doit aussi être présenté par grands domaines. Ces nouvelles licences seront mises en œuvre à la rentrée 2012.

Si les contenus et parcours de chaque licence peuvent différer d’un établissement à l’autre (l’autonomie étant ainsi respectée), il s’agit de garantir à tous les étudiants une qualité et un niveau minimal de connaissances. Le projet de nouvel arrêté licence, qui se substituera à celui de 2002, sera présenté en comité licence le 30 juin 2011, puis débattu au CNESER en juillet 2011. La mise en place progressive de la nouvelle licence devrait démarrer à la rentrée 2012.

1.Un socle minimum de 1.500 heures et personnalisation des parcours

Le socle horaire minimal sera désormais fixé à 1.500 heures d’enseignement sur les trois années du cursus. Cette disposition permettra d’harmoniser les licences entre des volumes encore hétérogènes, de 1.432 heures en moyenne en filières lettres et sciences humaines à 1.745 heures en sciences et STAPS.



2.la personnalisation des parcours.

Elle consiste à généraliser les dispositifs de soutien et de réorientation prévus dans le cadre du plan Réussir en licence, de multiplier les parcours diversifiés (bilicences, préparations au concours…) et passerelles, « dans une logique d’orientation progressive et réversible ».

3. La professionnalisation avec un stage intégré

La professionnalisation est le troisième principe défendu par la ministre. Comme pour la licence pro, l’idée est de permettre à tous les étudiants qui le souhaitent de s’insérer sur le marché du travail en fin de parcours. Pour faciliter cette entrée dans la vie active, les établissements devront offrir à tous les étudiants « la possibilité d’effectuer un stage intégré au cursus ». De même, la rédaction de référentiels de formation par grands champs disciplinaires décrivant les compétences professionnelles attendues doit offrir une meilleure lisibilité du diplôme auprès des étudiants comme des employeurs.

4. Des référentiels disciplinaires

Ces référentiels se déclinent en deux grandes parties : objectifs de la formation d’un côté et compétences à acquérir de l’autre. En mathématiques par exemple, les compétences disciplinaires peuvent être : la résolution d’équations, la construction et la rédaction d’une démonstration, l’élaboration et la programmation d’algorithmes fondamentaux de calcul scientifique. Quant aux compétences transversales, elles portent notamment sur l’autonomie, la capacité d’analyse et de synthèse, la communication et l’aptitude à travailler en équipe…

Questionnée sur les moyens des universités pour arriver au socle minimum de 1.500 heures, la ministre a botté en touche. Valérie Pécresse a notamment évoqué les possibilités de mutualisation des enseignements « dans le cadre du socle multidisciplinaire », arguant que « 30 % des licences regroupaient moins de 50 élèves et que 30 % des masters réunissaient moins de 20 élèves ».

Le MESR a créé un Comité de Pilotage destiné à renforcer le travail du Comité de suivi.

PDF Comité de Suivi + liste des membres du Comité de pilotage

Du 11 au 13 mai 2011, le colloque annuel des présidents d’universités est consacré à la licence, sur le thème Réussir en licence.

[PDF Discours de clôture de L. Vogel]

12 juillet 2011 : l’arrêté Nouvelle licence est adopté au CNESER

Le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) a adopté, le 12 juillet 2011, l’arrêté relatif au diplôme de la licence modifiant celui de 2002 par 26 voix pour, 20 contre et 14 abstentions. Ce sont les organisations étudiantes ont permis le vote du texte. Les éléments qui ont décidé ces dernières à voter en faveur du texte ministériel sont essentiellement la compensation annuelle des notes (pour l’UNEF), la suppression de la note éliminatoire, le seuil minimum de 1500 heures de cours (inscrit dans le Processus de Bologne) avec une baisse des cours magistraux au profit de cours en groupes réduits. .

Par contre, à la date du 12 juillet, le référentiel de compétences demeure une question délicate, sur laquelle le SGEN et l’UNSA se sont abstenus.

[PDF référentiel STAPS]



Le point de vue de SupAutonome

Le premier volet du PRL n’est pas dépourvu de points positifs, dont nous noteront qu’ils n’ont pas obéré les budgets, ainsi la mise en place d’un cursus licence qui permet au lycéen d’hier de se structurer intellectuellement tout en se fixant des perspectives professionnelles concrètes (articulation progressive entre ‘Savoirs’, ‘compétences générales’ et ‘Compétences professionnelles’)[1]

Deuxième point à souligner: la volonté d’harmonisation de la lisibilité des formations et diplômes entre universités. D’une part l’étudiant peut déterminer avec précision le contenu de la formation qu’il a choisie dans l’université où il désire s’inscrire et se projeter dans l’avenir. De l’autre, l’employeur potentiel peut savoir (plus) précisément ce qu’il peut attendre d’un postulant sorti de telle université. Cette lisibilité permet d’éviter les ‘doublons’ (formations comparables dispensées par des universités voisines.) et faciliter le choix des étudiants étrangers. Ce travail de clarté et de rationalisation représente un travail considérable vu le nombre d’universités et la multiplicité des appellations, mais qu’il semble indispensable de poursuivre car il est positif en amont (au moment de l’orientation et du choix du diplôme) et en aval (simplifiant et facilitant le recrutement pour le futur employeur, ce qui pourrait probablement désengorger, même modestement, les services de Pôle Emploi).

Un élément bien plus ambigu, même si c’est celui qui a été de loin le plus développé, tant sur le terrain qu’au niveau des réunions et comptes rendus est celui de l’encadrement et du soutien des étudiants les plus ‘fragiles’[2] Il revêt deux aspects, d’abord une démarche de présentation de l’université, et surtout un encadrement très poussé des études. La plupart des universités ont suivi un schéma très comparable :

- Création de groupes de travail de taille réduite permettant d’individualiser le suivi et de repérer les étudiants en péril; création d’un enseignant référent; renforcement de l’encadrement pédagogique (soutien donné par des étudiants de Master qui reçoivent une indemnité en échange).

- Accentuation du contrôle continu par opposition à l’examen terminal, même si ce dernier ne disparaît pas.

- Intensification de l’enseignement (horaires renforcés, ‘colles’) avec des initiatives intéressantes comme le renforcement de certains modules : l’étudiant fait plus d’heures dans certaines matières, ce qui lui permet d’améliorer son niveau et élargit ses perspectives d’avenir. Autre innovation intéressante : la double licence, permettant aux étudiants concernés de doubler leurs possibilités de réorientation potentielle tout en améliorant leurs perspectives de choix professionnel au terme du cursus.

- L’accent mis sur les stages en entreprise, une excellente idée qui est peut-être la véritable ‘passerelle’ vers l’emploi. Cette valorisation du monde du travail présente bien des parallèles avec le système d’alternance rencontré en BEP et Bac Pros.

Mais ces efforts très réels peuvent devenir des armes à double tranchant. Ainsi, le renforcement de l’encadrement est indispensable, mais il ressemble davantage à du bachotage après la lettre qu’à un enseignement supérieur: l’étudiant est mis en situation de satisfaire aux exigences de l’examen afin d’améliorer les statistiques. On formate des techniciens du savoir au lieu de former des cerveaux. Ces effets pervers larvés mais réels concernent également les enseignants, fortement sollicités par la pédagogie, au détriment plus qu’éventuel de leurs propres travaux de recherche. Ils ont la liberté théorique d’accepter ou de refuser, mais comment seront évalués ceux qui auront privilégié leur vie et leurs travaux personnels ? Se profile le risque d’une distinction malsaine entre les enseignants jugés dynamiques et dévoués car répondant aux exigences du plan et les ‘passéistes’ accrochés à une conception démodée de l’Université et rétifs à l’effort pédagogique. Selon les cas, cette dérive pernicieuse entraverait une recherche authentique ou au contraire masquerait opportunément une recherche insuffisante.[3]

Autre problème : la réorientation, au sujet de laquelle les données concrètes sont minces : Les fameuses ‘passerelles’ entre licence générale et licence professionnelle, entre faculté et IUT existent bel et bien; sur le papier tout est impeccable, mais les contenus demeurent imprécis : réorienter de quelle formation vers laquelle ? Quel est le pourcentage de ces réorientations ? Sur ce dernier point, nous manquons de recul pour juger, car la cohorte ayant inauguré le plan de réussite est à peine en train d’arriver au terme de l’expérience.

Le projet demeure parfaitement cohérent, mais le hiatus est total avec la réalité de la vie, pour deux raisons essentielles:

1) Le très faible niveau de certains étudiants qui ont péniblement obtenu le baccalauréat et donc le droit de s’inscrire à l’université. Tenus à bout de bras durant les trois années de leur cursus, ils n’en sortiront pas pour autant de leurs limitations au niveau de la culture générale (qui commence par la maîtrise de l’orthographe) et, même avec leur diplôme en poche, ils resteront démunis au moment de postuler un emploi, avec cette différence qu’il n’y aura plus personne pour les soutenir. De là le risque d’un certain nombre (ou d’un nombre certain) de titulaires du diplôme chômeurs ou ‘travailleurs pauvres’, l’opposé de la réussite.

2) Les difficultés conjoncturelles du marché de l’emploi, contre laquelle le MESR ne peut rien. Envisager la licence générale (même avec aménagements et soutiens) comme un diplôme ‘professionnalisant’ semble être au mieux une erreur ou une maladresse, au pire une tromperie, car les emplois non qualifiés ou peu qualifiés n’ont pas besoin de trois années d’études supérieures, les emplois véritablement intéressants, offrant des perspectives de carrière et une bonne rémunération demandent en général un autre cursus que la licence (‘grandes écoles’ ou écoles privées de commerce ou gestion qui elles-mêmes peinent de plus en plus pour placer leurs diplômés). Les entreprises où la formation continue joue un rôle important ont leur spécificité et des exigences différentes, ainsi le secteur de la banque-assurance forme ses cadres à partir d’une embauche à Bac+2; le Bac+3 ne les intéresse pas.

Le plan licence n’est pas un échec pour la bonne (!) raison que, dès le départ, il ne pouvait pas être un succès. La mise en place de ce comité directeur (où auraient pu/dû figurer davantage de représentants du monde économique) semble plutôt cosmétique et ne devrait pas apporter de grands changements. Par contre, les mesures déjà mises en place devraient contribuer à améliorer la qualité intrinsèque du diplôme par une progression raisonnée du cursus, adaptée aux progrès de l’étudiant ainsi que par un meilleur suivi, mais il importe de trouver un juste équilibre entre laisser les étudiants totalement livrés à eux-mêmes et l’obsession de l’encadrement reproduisant les schémas du secondaire. A leur arrivée à l’université les étudiants sont légalement majeurs et il faudra qu’un jour où l’autre cette majorité dépasse le cadre légal pour s’étendre à tous les domaines de la vie, sous peine de voir le ‘syndrome de Tanguy’ gagner le supérieur. Il s’y ajoute le risque de dévalorisation qui a touché le baccalauréat lorsque M. Jospin a décrété 80% de réussite à l’examen: ce sont les universités qui déterminent le contenu de leurs enseignements et les enseignants corrigent leurs étudiants.

Améliorer la licence implique des mesures de formation très concrètes: 1) au français, 2) aux langues vivantes (anglais indispensable et une langue 2, bien compris, parlés et écrits de manière compréhensible pour l’interlocuteur étranger) et 3) à l’informatique[4]. Qu’on le veuille ou non, l’anglais et l’informatique ne peuvent être ignorés, surtout des LSH et une deuxième langue vivante bien maîtrisée est un atout considérable. Tous les ‘plus’ sont bons à prendre; à diplôme égal, ce sont eux qui font la différence, une évidence qui semble souvent échapper aux intéressés. Une initiative qui mériterait d’être développée est le double cursus associant des matières parfois très différentes, à condition que ce soit fait avec rigueur pour éviter l’amalgame des médiocrités.

Deux délégués étudiants assistaient à la réunion du 7 février (PDE et UNEF). Leurs exigences (surtout celles formulées par l’UNEF) ne vont pas dans le sens d’une amélioration vraie. Recourir systématiquement au contrôle continu fait permet certes de repérer plus vite les étudiants défaillants, mais ces contrôles ne devraient pas remplacer l’examen terminal; car cela équivaudrait à une ‘secondarisation’ donc une régression du système d’évaluation, (sans parler des difficultés de calendrier pour l’enseignant). Il a également été demandé avec insistance que l’étudiant ne soit pas évalué seulement sur ses notes, mais aussi sur sa bonne volonté et ses efforts, ce qui équivaut à quantifier l’inquantifiable, le qualitatif. [5]Tout se passe comme si les étudiants estimaient que, du moment qu’ils sont entrés dans le circuit, la réussite leur est due au final. Ils évacuent leur angoisse du chômage par l’angoisse de l’échec universitaire. C’est une attitude de repli compréhensible à un moment où la précarité, la paupérisation, la nécessiter de travailler pour payer les études n’ont jamais été aussi grands, mais ce ne serait pas leur rendre service que d’y souscrire.

La licence intervient après deux ans au moins de maternelle, quatre de primaire, quatre de secondaire 1er cycle, trois de secondaire 2ème cycle, soit environ treize ans de scolarisation (sans redoublements). Si les enfants du cours préparatoire apprenaient à lire selon la méthode syllabique et progressive, ils comprendraient mieux les enseignements dispensés ultérieurement et auraient de meilleures bases pour entrer dans le supérieur. De plus, cette réforme ne coûterait pas un centime; mais si le ministère a le droit d’inciter et de proposer, il ne peut imposer une méthode pédagogique, le choix de celle-ci étant laissé à l’appréciation de l’enseignant. Au lycée, l’enseignement comprend des matières qui n’existaient pas il y a trente ans ; allonger le cycle d’un an ne serait pas un luxe, même en période de coupes budgétaires, car des lycéens mieux formés, donneraient de meilleurs étudiants qui à leur tour (re)valoriseraient nos diplômes, donc nos travailleurs et nos chercheurs et attireraient des étudiants et des enseignants étrangers de valeur. Investir dans la qualité commence de bonne heure et non au moment où se pose l’échéance de l’insertion professionnelle.



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